Histoire
Pour trouver sa place dans le monde branché des selfies et des like, Dorante ment et s’invente une vie. Baskets fluo, stroboscopes et décor flash : la pièce chatoie comme une boule à facettes. Julia Vidit et sa troupe multiculturelle électrisent la comédie baroque de Corneille qui interroge nos faux-semblants sociaux : voulons-nous vraiment dire vrai ?
Dorante séduit Clarice, croyant qu’elle s’appelle Lucrèce. Ça commence bien. Quand son père lui demande d’épouser une certaine Clarice qu’il pense ne pas connaître, ça se corse. Et quand Clarice elle-même demande à Lucrèce d’épier Dorante, c’est la confusion totale. Pour s’inventer une condition, Dorante se dit chevalier, pour fuir les ordres de son père, il se dit marié. Bref, il bluffe. Mais à être le plus vrai des menteurs, n’est-il pas le miroir de tous ceux qu'il leurre ? Écrite en 1644, cette comédie sagace connut un joli succès. Dans un décor orange, graphique et pop, Julia Vidit décoince les corsets, l’alexandrin, les genres et les couleurs de peau pour mettre en scène cette jouissive plongée dans les apparences.