Du 13 au 16 octobre, nos deux jardiniers Caroline Melon et Jonathan Macias étaient de retour pour une nouvelle semaine de résidence dans leur cabane, au milieu du jardin du Grand T. Cette fois, ils ont invité 41 personnes (salariés, voisins, artistes, spectateurs) à participé à un rituel... Caroline Melon revient en quelques mots sur ces rencontres sensibles :
"Petit matin. Nuit noire encore. Des bougies tremblotent à l'intérieur de la cabane et ça sent la sauge blanche, emblème purificateur depuis des millénaires. En fond, presqu'au loin, on entend Song for autumn des Catchers, en boucle.
Ce matin, tu vas déplanter une plante du jardin du Grand T, l'emmener chez toi et en prendre soin pendant les deux ans de travaux. Tu deviens donc famille d'accueil d'une partie de la mémoire végétale de cet endroit, et nous la replanterons ensemble le moment venu, dans le nouveau jardin.
Cette plante, ce n'est pas toi qui vas la choisir : c'est elle qui va le faire. Nous avons écrit un tarot sur un certain nombre de sujets végétaux identifiés lors de l'inventaire. Vas-y, pioche : je vais te raconter ce qu'est ta plante d'un point de vue médicinal, comestible, mythologique, symbolique. Mais avant cela, je te propose de goûter notre cuisine du mois de juillet : un verre de vin de noix cueillies derrière le grand cèdre, une cuiller de gelée des pissenlit de l'allée des grands pins, et ce baume pour soigner les contusions confectionné à base de plantain, millepertuis et consoude ramassés à côté du container.
Quarante-et-une personnes sont venues vivre ce rituel de temps suspendu, mains dans la terre, attention au minuscule, en observation de l'invisible. Chez elles dorénavant, une poignée de terre et un petit morceau de vert du jardin, disséminés dans les maisons, les familles et l'intimité du foyer, joyeux éclat de vivant célébré pour sa simplicité, son évidence et les liens ancestraux qui nous unissent."